Allongée sur le balcon, emmitouflé dans mon large manteau, je ne pense plus au froid de décembre qui me caresse les doigts gelés et les lèvres gercées. Je suis ailleurs, mon corps est sur Terre, mon esprit est dans les étoiles. Je rêve, en cette soirée rude d'hiver. Bien loin de notre planète, j'entends l'univers chanter. Je parcours la voie lacté en un claquement de doigts. Je flotte dans cet océan de couleurs qu'est la galaxie. L'espace m'est familier, je connais les chemins et recoins par cœur. J'ai l'impression de venir d'ici et d'ailleurs depuis mon enfance. La voix des Maihyorn m’appelait dans un tintement proche du hurlement arctique, et ce encore petite. Leur écho est doux, chaud et réconfortant. Aussi surprenant qu'il le soit, bien que la distance entre moi et mon peuple est longue, je me sens bien. Humaine d'apparence, inconnue de la Terre. J'ai passé le temps des pleurs et regrets, ce sentiment de solitude et d’inacceptation a fait son temps. J'ai vécu l'incompréhension lorsque j'expliquais ce que je ressentais. J'aimerai mettre un point là dessus. Exister mi-chemin entre l'être humain indigène et la créature alien. Je voudrais souligner que être extraterrestre, pour moi, ce n'est pas que l'autre monde et les miens, c'est aussi vivre une profonde animalité. L'espace est synonyme de proximité avec la nature, à mes yeux. Parce que être ma créature, ce n'est pas une flopée de magie ni une force de beauté. Ce n'est pas un non plus un emblème de charisme, un élément de puissance, ni de rage, ni de colère. Être un Maihyorn, c'est d'abord un exemple de simplicité, une vie épicurienne, généreuse de petits plaisirs en communauté. Car aussi repoussant que cela puisse sembler, être un Maihyorn, c'est marquer son territoire là où les glandes odorantes se situent ; donner le seins aux petits et pas forcément qu'aux siens ; se toiletter au seins du groupe ; cultiver son instinct de survie, se délecter de bestioles et insectes qui n'ont pas de système nerveux, pour finalement s'endormir dans ce terrier communs, les uns entassés sur les autres. Une vie animale, pas forcément sur-développée et c'est exactement CECI qui représente leur talent. C'est vrai, les Maihyorn sont facilement comparables à des êtres humains autistes», ils se sentent bien dans leur routine, ils sont très sensibles de leurs cinq sens, ils sont rêveurs mais terre-à-terre, ils sont naïf et innocents, ils poussent des cris pour exprimer leur mal-être et sont sauvages et indélicats dans leur comportement. Ils n'ont peut-être pas de super-pouvoirs, ils ne fabriquent pas d'engins sophistiqués, ils ne sont pas à la pointe de la technologie. Mais ils ont cette chose innée : la liberté. Pas de tabous, pas de règles encensées. Pas de monogamie obligée, pas de « sexe opposé », pas de binarité homme-femme. Vivre dans le respect des autres créatures et d'autrui. Les Maihyorn ont pour sagesse ces traits qu'ils ont conservés de leurs ancêtres : l'animalité. Car le plus beau des chants, c'est celui des qui est poussé à l'unisson, non pas un cris de guerre ou de mécontentement, celui qui vient du cœur.